Vision

En tête du troupeau dans le suivi des émissions des bovins

La viande de bœuf n’est pas seulement riche en protéines, elle est aussi riche en émissions de carbone. La dernière trajectoire de décarbonation sectorielle (TDS) de Robeco suit les réductions des émissions des producteurs de viande bovine afin d’aider nos portefeuilles à distinguer les chefs de file des retardataires dans la transition vers la neutralité carbone.

Auteurs

    Michal Kulak
    SI Analyst
    Danae Motta
    Engagement Specialist

Résumé

  1. Les populations et la demande de viande bovine sont en hausse à l’échelle mondiale
  2. L’agriculture et l’élevage bovin, en particulier, sont de gros émetteurs de gaz à effet de serre
  3. La décarbonation des activités bovines et agricoles est essentielle pour atteindre les objectifs de neutralité carbone

Le bœuf avec le bœuf

Au premier abord, le travail de la terre et l’élevage de bétail semblent être des activités relativement naturelles et inoffensives pour l’environnement. Pourtant, l’alimentation et l’agriculture sont responsables de 25 à 30 % de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre, ce qui les classe parmi les plus grands émetteurs de la planète. 1

L’élevage est le principal responsable, et plus particulièrement les producteurs de viande bovine. Comparée aux produits d’origine végétale, la viande de bœuf utilise 20 fois plus de terres et émet 20 fois plus de gaz à effet de serre par gramme de protéines comestibles (voir figure 1).2 La production bovine est à elle seule responsable de 10,15 % des émissions totales d’origine humaine.3

Figure 1 : La viande bovine - L’aliment à la plus forte intensité de carbone

Source : Our World in Data (2020), basé sur Poore and Nemecek (2018), Science.

À la tête de la ruée

Combattre les émissions en amont des activités agricoles est une condition essentielle pour réduire les émissions de portefeuille et les émissions mondiales effectives, en particulier avec l’augmentation des populations et de la demande de viande bovine. C’est dans cette optique que Robeco a conçu la trajectoire de décarbonation sectorielle pour la viande bovine.

La TDS aidera nos équipes d’investissement à :

  • Anticiper l’impact futur des problèmes liés au climat sur le secteur de la viande bovine

  • Évaluer les progrès des entreprises en matière de décarbonation par rapport à des objectifs fondés sur la science

  • Saisir les opportunités de risque/rendement associées aux chefs de file et aux retardataires dans le secteur de la viande bovine

  • Décarboner les portefeuilles d’investissement tout en maintenant des positions diversifiées parmi les secteurs

En résumé, le modèle de trajectoire nous aidera à identifier et à investir dans les entreprises qui sont les chefs de file de la transformation du secteur de la viande bovine vers un avenir bas carbone.

Plus de steak compromet les objectifs climatiques

Les populations et les revenus sont en hausse dans les marchés émergents, ce qui attise la demande pour une alimentation et des portions de type occidental. Au niveau mondial, la production de viande bovine a pratiquement doublé depuis 1990 et devrait encore augmenter de 30 % d’ici 2050. Une croissance non maîtrisée menace de faire dérailler les objectifs climatiques de 2050 définis dans l’Accord de Paris.

Jusqu’à présent, les entreprises du secteur alimentaire ne disposaient pas de cadres leur permettant d’orienter leurs efforts en matière de contrôle des émissions. Mais cela est en train de changer rapidement. L’année dernière, l’initiative SBTi (Science Based Targets) a présenté ses toutes premières orientations, fournissant aux producteurs de viande bovine des outils pour identifier, mesurer et, au final, réduire les principales sources d’émissions dans leurs chaînes d’approvisionnement et leurs activités.

Le cadre TDS-viande bovine de Robeco s’inspire du cadre de la SBTi comme guide de référence pour aider à standardiser notre analyse parmi les entreprises productrices de viande bovine.

Ce qui est mesuré

La quasi-totalité (97 %) des émissions de l’industrie bovine provient de l’élevage du bétail avant l’abattage et de la transformation de la viande après l’abattage. Par conséquent, l’analyse de notre modèle TDS prend en compte les émissions de Scope 1 et 2 provenant de la transformation, mais aussi les émissions de Scope 3 associées à l’élevage du bétail. Les émissions générées proviennent principalement :

  1. De la déforestation qui détruit les arbres, les plantes et les sols et prive la planète de puits de carbone. Elle libère aussi dans l’atmosphère le stock de carbone provenant de la matière organique brûlée/décomposée.

  2. Des engrais à base de combustibles fossiles, qui enrichissent les prairies ainsi que les cultures nécessaires pour obtenir des stocks de ressources supplémentaires. Les engrais sont produits à partir du gaz naturel. Ils sont également remplis d’azote qui, lorsqu’il se dépose sur les sols, réagit avec l’oxygène de l’air pour produire de l’oxyde nitreux (N2O), un gaz à effet de serre (GES) 273 fois plus puissant que le CO2.

  3. Des excédents de fumier épandus sur les cultures et les terres, ainsi que stockés ou éliminés de manière inappropriée. Le fumier est également riche en azote et, lorsqu’il est stocké à l’air libre, il génère du méthane (CH4), un gaz à effet de serre qui est 27 à 30 fois plus puissant que le CO2 sur un horizon de 100 ans.

  4. Du méthane qui est émis par le système digestif des bovins. Ce processus, connu sous le nom de fermentation entérique, est la principale source d’émissions du bétail (voir figure 2).


Figure 2 : Principales sources d’émissions dans la production animale

Source : ONU, FAO.org

Comment cela fonctionne

En prenant 2019 comme point de départ, nous comparons les plans actuels et futurs de réduction des émissions des entreprises aux trajectoires de réduction des émissions fondées sur la science de la SBTi pour le secteur alimentaire. Selon les orientations de la SBTi, les entreprises du secteur bovin doivent réduire l’intensité de leurs émissions de carbone de 2,4 % par an jusqu’en 2030 pour atteindre la réduction globale de 24 % requise de la part de l’industrie bovine. La mesure des écarts entre les engagements des entreprises et les exigences de réduction de la SBTi indique clairement aux investisseurs quelles sont les entreprises qui prennent au sérieux l’application des mesures de réduction des émissions et l’atténuation des risques futurs liés à la transition.

Figure 3 : Exemples de performance de transformateurs de viande bovine

Les exemples montrent les trajectoires de réduction des émissions de carbone prévues (trajectoire d’engagement de l’entreprise) par deux transformateurs de viande bovine brésiliens (Marfrig et JBS) par rapport aux objectifs de réduction des émissions fondés sur la science pour le secteur forêts, terres et agriculture (FLAG) de la SBTi. Marfrig est en bonne voie pour atteindre les objectifs FLAG d’ici 2050. JBS, en revanche, est à la traîne, ce qui accroît ses risques liés à la transition vers la neutralité carbone.

Évaluer les stratégies de réduction des émissions des entreprises

En plus de l’examen des engagements des entreprises, le modèle TDS-viande bovine évalue également la manière dont les entreprises ont l’intention de réduire leurs émissions. Cela signifie qu’il faut examiner les dépenses d’investissement actuelles et planifiées dans des technologies ou des pratiques qui améliorent l’efficacité des activités d’élevage, de l’alimentation et des soins apportés au bétail.

Nous examinons également la manière dont les producteurs de viande bovine adaptent leurs modèles commerciaux, par exemple en se diversifiant dans la viande synthétique et les produits protéiques d’origine végétale.

Utilisation et limitations

Le cadre d’évaluation TDS-viande bovine de Robeco est défini et prêt à être utilisé, mais son application est encore limitée en raison des données incomplètes de la part de nombreux producteurs de viande bovine.

Jusqu’à présent, les entreprises agroalimentaires n’avaient guère de raisons d’agir. Les consommateurs, en particulier dans les marchés émergents, consacrent une part considérable de leurs revenus à l’achat de denrées alimentaires et de produits connexes, de sorte qu’imposer des réglementations coûteuses aux producteurs est une mesure politiquement impopulaire. En conséquence, l’agriculture a largement échappé à la pression réglementaire. Au fur et à mesure de l’évolution du climat politique, nous intégrerons l’impact monétaire de politiques plus strictes dans le modèle d’évaluation de la TDS pour la viande bovine.

En outre, les efforts de décarbonation du secteur alimentaire sont encore assez récents. Le modèle SBTi n’a été publié qu’en 2022 et représente actuellement la seule source d’orientation du secteur en matière de mesures d’émissions scientifiquement étayées. De nombreuses entreprises sont encore en train d’assimiler les exigences et de collecter des données provenant de chaînes d’approvisionnement fragmentées. Afin de réaliser des évaluations crédibles et approfondies, Robeco s’appuie sur de multiples sources de données, dont Bloomberg, CDP, Trucost et MSCI.

Ce cadre est le dernier d’une série de cadres d’investissement conçus pour mesurer les performances des entreprises en matière de décarbonation dans les secteurs à fortes émissions. Il est déjà appliqué aux investissements afin d’aider les analystes à distinguer les leaders probables du secteur bovin sur la base de la qualité des données et des projections actuelles.


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Notes de bas de page

1 Our World in Data, alimentation et émissions de gaz à effet de serre
2 World Resources Institute
3 Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 2020.

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