Enquête mondiale sur le climat : À la recherche de solutions d’adaptation et d’atténuation

Elle indique que les investisseurs se préparent désormais à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique, considérés comme irréversibles, tout en poursuivant leurs efforts pour en freiner l’aggravation. Un nouveau record de température de 1,55 °C ± 0,13 °C au-dessus des niveaux de 1850 a été atteint en 2024, selon l’Organisation météorologique mondiale. Le réchauffement climatique sous-jacent, mesuré sur plusieurs décennies, est estimé à environ 1,3 °C.¹

Alors que les émissions continuent d’augmenter et que la désillusion grandit quant à l’engagement des gouvernements en faveur d’initiatives en matière de neutralité carbone, la cinquième édition de l’Enquête annuelle mondiale sur l’investissement climatique de Robeco révèle qu’une proportion croissante d’investisseurs pensent que l’Accord de Paris n’est plus réalisable. L’Accord de Paris signé en 2015 vise à limiter le réchauffement planétaire à 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels d’ici 2100, et idéalement à le contenir à 1,5 °C.

Le nombre d’investisseurs qui pensent que les 2 °C ne sont pas réalisables est passé à 44 %, contre 41 % l’année dernière et 30 % en 2023, tandis que le nombre de ceux qui pensent que cet objectif peut encore être atteint a légèrement augmenté, passant de 30 % à 31 %. Un quart des investisseurs restent indécis.

Par ailleurs, seuls 16 % des investisseurs pensent qu’une transition ordonnée vers la neutralité carbone est le scénario le plus probable au cours de la prochaine décennie, tandis que près de la moitié (49 %) s’attend à ce que ce soit « trop peu, trop tard ». Environ 11 % d’entre eux s’attendent désormais à ce que la planète devienne une « fournaise » et que très peu de mesures soient prises pour atteindre les objectifs climatiques et éviter les risques physiques, ce qui représente une légère hausse par rapport aux 8 % de l’année dernière.

Est-il donc temps de reconnaître qu’il serait bénéfique d’investir dans des mesures permettant de faire face aux conséquences du changement climatique parallèlement aux solutions existantes d’atténuation ? Près de la moitié des investisseurs en sont convaincus.

Quelque 49 % d’entre eux estiment que l’adaptation climatique deviendra un thème de croissance de plus en plus attractif pour les investissements en actions au cours des trois à cinq prochaines années, un chiffre qui grimpe à 62 % chez les investisseurs européens. Un tiers d’entre eux ont déclaré qu’ils cherchaient activement à accroître leur exposition aux entreprises proposant ce type de solutions.

Les méthodes d’adaptation climatique vont de la reconstruction de digues côtières à la fabrication d’équipements de purification de l’air et de fluides frigorigènes, en passant par de nouveaux médicaments pour lutter contre la propagation de maladies connues et émergentes que le réchauffement des températures et les phénomènes météorologiques extrêmes risquent d’exacerber. ² Les investissements dans l’atténuation du changement climatique sont principalement axés sur les solutions de décarbonation, portées par les énergies renouvelables et l’électrification.

Mais des obstacles subsistent : 58 % indiquent ne pas être sûrs que les solutions d’adaptation généreront des rendements compétitifs, tandis que près de la moitié déplore un manque de produits d’investissement adaptés proposés par des gérants d’actifs (47 %) ou la difficulté à identifier des entreprises crédibles dans le domaine de l’adaptation climatique (42 %).

À l’inverse, les solutions d’atténuation du changement climatique sont déjà bien engagées, avec des rendements prouvés dans des secteurs tels que les véhicules électriques et les infrastructures d’énergie renouvelable comme les éoliennes, les panneaux solaires et les barrages hydroélectriques. Les technologies émergentes, telles que les batteries et le captage et le stockage du carbone, démontrent également un potentiel de rentabilité croissant.

La recherche de tels rendements dans l’atténuation du changement climatique constitue une forte motivation pour 77 % des investisseurs mondiaux, un chiffre encore plus élevé chez les investisseurs nord-américains (86 %). Parmi les autres facteurs de motivation, il y a la volonté de générer un impact réel dans la lutte contre le changement climatique (43 %) et l’atténuation du risque climatique dans les portefeuilles (42 %). Par conséquent, plus d’un quart (27 %) déclare s’être davantage concentré sur des solutions d’atténuation du changement climatique plutôt que sur des solutions d’adaptation.

Près d’un tiers (31 %) prévoit d’augmenter les investissements technologiques dans les batteries nouvelles/émergentes, le captage et le stockage du carbone au cours des deux prochaines années, parmi d’autres types de solutions d’atténuation du changement climatique comme la réduction des déchets (27 %), le ciment à faibles émissions (18 %) ou l’acier vert (17 %). Les deux dernières solutions impliquent un recours accru aux fours à arc électrique plutôt qu’aux hauts fourneaux alimentés au charbon.

Les priorités pour les deux prochaines années montrent que la modernisation du réseau électrique arrive en tête des investissements (39 %), suivie par les énergies renouvelables (34 %), avec un intérêt moindre pour la technologie des batteries (31 %) et les véhicules électriques (28 %). L’intérêt pour les technologies naissantes telles que le béton à faibles émissions (18 %) et l’acier vert (17 %) reste relativement faible à l’horizon de deux ans.

« Les investisseurs sont déjà actifs dans des domaines bien établis tels que les énergies renouvelables et l’électricité propre, les véhicules électriques et la modernisation du réseau électrique », explique Lucian Peppelenbos, stratégiste Climat et biodiversité chez Robeco. « La prochaine étape de la transition consistera à accroître les investissements dans l’adaptation climatique et dans les solutions d’atténuation de nouvelle génération, telles que l’hydrogène et l’acier et le ciment bas carbone. »

« Les investisseurs sont à l’affût de ces opportunités, mais restent prudents compte tenu des incertitudes politiques. Ce type d’investissement nécessite des cadres réglementaires clairs et cohérents à long terme. Le démantèlement du Pacte vert pour l’Europe ou de l’Inflation Reduction Act (IRA) aux États-Unis ne va certainement pas améliorer les choses. »

En ce qui concerne la manière d’investir dans les solutions d’atténuation du changement climatique, 44 % des investisseurs mondiaux ont déclaré qu’ils utilisaient des fonds des marchés boursiers, tandis que 30 % préféraient les fonds des marchés privés et 20 % investissaient directement dans les technologies climatiques émergentes.

Robeco gère une série de stratégies d’investissement axées principalement sur l’atténuation du changement climatique, les solutions énergétiques intelligentes et les trajectoires vers la neutralité carbone. Tous les détails peuvent être consultés ici :

Notes de bas de page

¹ https://wmo.int/publication-series/state-of-global-climate-2024
² https://www.msci-institute.com/themes/climate/how-to-make-climate-adaptation-and-resilience-investable/#anchor_Exhibit_3_A_sample_of_adaptation_and_resilience_companies_anonymized_