Lancés en 2015 par l'ONU, les Objectifs de développement durable (ODD) fixent 17 objectifs visant à améliorer la société humaine, la durabilité environnementale et la qualité de vie. Ils couvrent un large éventail de thèmes allant de l'élimination de la faim à la création de villes plus durables, en passant par la consommation responsable et la lutte contre le réchauffement climatique.

Tous les 193 pays – qu'ils soient riches ou pauvres – ont accepté de contribuer et de progresser vers la réalisation de ces 17 ODD en 15 ans, c'est-à-dire d'ici à 2030. Ces objectifs sont repris dans le document intitulé « Transforming our World: the 2030 Agenda for Sustainable Development », considéré par l'ONU comme « la marche à suivre pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous ».

Les ODD succèdent aux huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) lancés en 2000. Ceux-ci visaient l'élimination de l'extrême pauvreté et de la faim, l'éducation primaire pour tous et la lutte contre le VIH/sida. Élaborés suite à une période de consultation mondiale ouverte en 2012, et durant laquelle plus d'un million de personnes ont donné leur avis, les ODD ont une portée beaucoup plus large et s'appliquent à tous les pays, pas seulement aux pays « en développement ».

Figure 1 : Les Objectifs de développement durable de l'ONU

Pour en savoir plus, cliquez sur les objectifs ci-dessous.

Source : Nations Unies.

Les 17 objectifs se déclinent en 169 cibles sous-jacentes et 232 indicateurs approuvés qui servent à suivre les progrès vers la réalisation des ODD. Par exemple, l'ODD 3 (bonne santé et bien-être) inclut parmi ses cibles la réduction de la mortalité prématurée, la fin des maladies transmissibles telles que le paludisme et le VIH/sida, et l'accès à une couverture maladie universelle et financièrement abordable. Parmi les indicateurs permettant de mesurer ces cibles figurent le taux de mortalité infantile d'un pays, le nombre de nouveaux cas de paludisme ou de VIH, et le nombre de personnes bénéficiant d'une assurance santé.

En matière d'investissement concret, les sociétés du secteur de la santé peuvent contribuer à l'ODD 3 en développant des médicaments contre certaines maladies ou en améliorant l'accès à des traitements d'un coût abordable. À l'inverse, certaines entreprises peuvent avoir une influence négative sur les ODD si elles fabriquent des produits nocifs comme du tabac ou des armes à feu.

Outre le fait qu'ils profitent aux populations mal desservies, les ODD représentent également une immense opportunité commerciale ainsi qu'un mécanisme de création d'emplois. Selon une estimation, cela pourrait représenter pas moins de 12 000 milliards de dollars d'opportunités de marché par an et 380 millions de nouveaux emplois, en particulier dans les projets liés à la lutte contre le réchauffement climatique ^1,2

Étant donné que tous les États membres de l'ONU sont censés suivre leurs progrès dans la réalisation des ODD, la Division statistique de l'ONU (UNSTATS) a pour responsabilité première de collecter les indicateurs nationaux relatifs aux ODD, accessibles à la rubrique « SDG Indicators » de la base de données ODD des Nations Unies³.

D'autres initiatives permettent aussi de suivre les avancées. Adossé au site Our World in Data (un projet conjoint de l'université d'Oxford et de l'ONG Global Change Data Lab), l'outil en ligne SDG Tracker a été lancé en juin 2018⁴ afin de recueillir des données sur tous les indicateurs relatifs aux ODD.

On peut également citer la publication « Global SDG and Dashboards Report ». Celle-ci va au-delà du simple suivi des progrès et classe les pays selon leurs réalisations, ce qui facilite les comparaisons. Ce rapport est coproduit par Bertelsmann Stiftung, une fondation gérée par le groupe de médias allemand Bertelsmann, et par le Réseau de solutions pour le développement durable (SDSN) des Nations Unies⁵.

Figure 2 : Global SDG Index and Dashboards Report

Cliquez ci-dessous pour découvrir les progrès réalisés dans votre région en matière d'ODD.

Source : https://datahub.sdgtransformationcenter.org/reports/sustainable-development-report

La portée et la diversité mêmes des indicateurs compliquent le suivi des progrès. Certains statisticiens ont des difficultés à obtenir des données, car de nombreux indicateurs ne sont pas compilés régulièrement. D'autres ont du mal à créer des méthodologies pour les indicateurs moins courants. Même les pays les plus riches ont des lacunes importantes en matière de suivi des progrès⁶.

Les entreprises aussi se heurtent à des difficultés pour mesurer leur contribution aux ODD. Les gérants d'actifs comme Robeco proposent des stratégies d'investissement qui ciblent ces objectifs. Nous abordons ce point plus en détail dans le . Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre les ODD, y compris en matière de financement.

Concernant les financements nécessaires à la réalisation des 17 ODD d'ici à 2030, les estimations varient considérablement. Le Rapport sur l'investissement dans le monde 2023 de l'ONU Commerce et Développement évalue le déficit de financement à environ 4 000 milliards de dollars par an, contre 2 500 milliards de dollars en 2015, lors de l'adoption des ODD. Ce rapport souligne que les investissements directs étrangers ont chuté de 12 % en 2022 et que les besoins d'investissements des marchés émergents dans le seul domaine des énergies renouvelables s'élèvent à 1 700 milliards de dollars par an, alors qu'ils n’ont attiré que 544 milliards de dollars⁷.

Le déficit de financement est particulièrement important dans les nations les plus pauvres. Toujours selon l'ONU, alors que les économies de marché émergentes de plus grande taille ou plus avancées, comme le Guatemala et l'Indonésie, doivent consacrer 4 % supplémentaires de leur PIB par an à la réalisation des ODD d'ici 2030, ce pourcentage passe à 15,4 % pour les pays en développement à faible revenu, comme le Vietnam, le Rwanda et le Bénin⁸.

Le contraste est saisissant avec les besoins de dépenses supplémentaires des États plus riches. Les pays à revenu élevé doivent investir davantage dans des domaines liés aux ODD, comme l'électricité renouvelable, les routes, l'eau et les installations sanitaires, mais, selon les estimations, les investissements annuels supplémentaires nécessaires s'élèvent à moins de 1 % de leur PIB.

Le secteur public n'étant pas en mesure de financer à lui seul les ODD, il y a lieu d'associer le secteur privé, notamment les institutions financières telles que les banques, les gérants d'actifs, les assureurs et les fonds de pension. Comme nous le verrons dans les chapitres suivants, de cette nécessité sont nées de nombreuses initiatives d'investissement, notamment des stratégies sur mesure axées sur les ODD, ainsi que des produits qui mettent l'accent sur des thèmes ou même des objectifs individuels.

Pour autant, les ODD ont capté l'imagination du monde. Ils ont accéléré un mouvement né des perspectives d'avenir offertes par le nouveau millénaire. Car, nous le verrons plus loin, il existe de nombreuses possibilités d'investir dans un ou plusieurs de ces objectifs.

Et nous avons tous un rôle à jouer, comme le suggère la vidéo « We the People », où vous reconnaîtrez des visages bien connus. Les gouvernements, les entreprises, les investisseurs et les groupes d'intérêt ne sont pas les seuls concernés : tout le monde doit s'engager ! Nous, les peuples.

Vous devriez à présent savoir que les 17 ODD ont succédé aux OMD, connaître les méthodes de suivi de leurs progrès (et leurs limites) et qu'un financement est encore nécessaire pour les atteindre, alors que la pandémie du Covid-19 a entravé leur progrès.

Notes de bas de page

¹ https://www.un.org/sustainabledevelopment/sg-finance-strategy/
² Business & Sustainable Development Commission, 2017. « Valuing the SDG prize ». Londres.
³ https://unstats.un.org/sdgs/indicators/database/
⁴ https://sdg-tracker.org/; https://ourworldindata.org/about
⁵ https://www.sdgindex.org/
⁶ https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/1758-5899.12595
⁷ https://unctad.org/publication/world-investment-report-2023
⁸ Integrating the Sustainable Development Goals in Government Bond Investment Strategies by Jan Anton van Zanten, Laurens Swinkels, Rikkert Scholten, Max Schieler :: SSRN

Contrairement à la plupart des initiatives de l'ONU, les 17 ODD ne s'adressent pas seulement aux gouvernements ou aux ONG, mais à l'ensemble de la société. Ce principe fondamental constitue à la fois un défi et une opportunité pour les entreprises et les investisseurs, considérés comme des acteurs essentiels à la réalisation des objectifs. Il s'agit d'un programme mondial qui s'applique tout autant aux pays riches qu'aux pays pauvres.

Ensuite, contribuer aux ODD représente une opportunité d'affaires pour les entreprises, bien que les opinions divergent quant aux objectifs à privilégier. D'après une étude réalisée par le Programme des Nations Unies pour le développement, les trois objectifs les plus populaires en Ouganda sont l'ODD 7 (Énergie propre et abordable), l'ODD 13 (Action climatique) et l'ODD 11 (Villes et communautés durables)⁹.


Graphique 3 : Objectifs de développement durable les plus populaires en Ouganda

Source : Programme des Nations Unies pour le développement.

Cela tient surtout au fait que ces trois objectifs ont besoin d'infrastructures et fournissent par conséquent un moyen physique de mesurer la valeur ajoutée, tout en générant des performances claires. La construction d'infrastructures de production d'énergie renouvelable crée une source de revenus claire provenant de la vente de l'électricité, tout comme l'installation de tours de téléphonie mobile dans des zones auparavant non desservies.

L'ODD 16 (Paix, justice et institutions efficaces) n'est par exemple pas considéré comme un domaine très pertinent en matière d'investissement, suscitant un intérêt quasi nul, mais cela dépend de l'optique sous laquelle nous voyons les choses. Le volet « justice » de cet objectif porte notamment sur le secteur de la cybersécurité, qui représente plus de 10 milliards de dollars par an et recèle de nombreuses opportunités d'investissement. La construction de tours de téléphonie mobile améliore l'accès à l'information, une cible de l'ODD 16.

Dans le même temps, les réglementations évoluent rapidement et le public exige de plus en plus une approche durable de l'économie. Les entreprises et les investisseurs qui intègrent les ODD dans leur stratégie seront plus à même de s'aligner sur les réglementations et politiques gouvernementales actuelles et futures. Ils risqueront moins de perdre leur légitimité à opérer ou de faire face à des coûts élevés résultant des changements structurels qui leur seraient imposés.

Les entreprises ne peuvent plus ignorer ouvertement la nécessité d'atteindre les objectifs zéro émission nette de l'Accord de Paris, que reflète l'ODD 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques) et auxquels font également référence l'ODD 7 (Énergie propre et d'un coût abordable) et l'ODD 9 (Industrie, innovation et infrastructure).

L'introduction d'une réglementation sur la finance durable, reflétée notamment dans le plan d'action de l'UE pour une finance durable, la taxonomie de l'UE, la règlementation sur la publication d'informations en matière de finance durable et le Pacte vert pour l'Europe, est une conséquence directe de l'adoption des ODD par les pays. Cette réglementation a contribué à définir ce qui constitue le développement durable d'un point de vue de l'investissement. Avec le temps, le fait de ne pas avoir mis en œuvre des politiques durables retirera à une entreprise le droit d''exercer légalement, commercialement et socialement ses activités.

Alors que ce type d'investissement suscite l'intérêt des investisseurs qui souhaitent réaliser des investissements ODD, des enquêtes montrent qu'il est encore trop peu fréquent. À l'heure actuelle, les grands investisseurs professionnels dans le monde (fonds de pension) sont peu nombreux à allouer des montants importants aux ODD, considérant qu'il s'agit d'une « niche ».

Une enquête de l'Association néerlandaise des investisseurs dans le développement durable (VBDO), qui représente environ 95 % du marché de l'épargne-retraite aux Pays-Bas et qui gère près de 1,36 milliard d'euros d'actifs, a ainsi montré que seuls 19 % de ses membres avaient décidé d'investir des fonds dans la réalisation des objectifs¹⁰.

De même que le rapport des Nations Unies, cette étude montre que certains ODD suscitent plus d'intérêt que d'autres en matière d'investissement. L'ODD 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques) est perçu comme celui qui offre la plus grande opportunité d'investissement, en particulier parce qu'il est assorti de cibles quantifiables, comme les émissions de CO₂.

Graphique 4 : Les fonds de pension se concentrent sur les opportunités d'investissement liées aux ODD et les responsabilités économiques

Source : VBDO – Pension Funds and Sustainable Development Goals.

L'enquête mondiale sur le climat 2022 de Robeco a montré que l'intérêt des investisseurs pour les ODD a considérablement augmenté. Quelque 18 % des investisseurs ont déclaré avoir fait de l'alignement ou du benchmarking de leurs portefeuilles sur les ODD une priorité élevée, tandis que 22 % ont indiqué qu'ils le faisaient, mais en tant que priorité moindre. Par ailleurs, 40 % de plus ont déclaré qu'ils envisageraient de le faire au cours des deux à trois prochaines années. Ces chiffres montrent que l'investissement ODD a le vent en poupe et qu'il gagne en popularité auprès des détenteurs d'actifs.

L'intérêt qu'il suscite est également fonction du type d'objectif visé. Aux fins de l'enquête, les ODD ont été répartis en cinq catégories, à savoir le réchauffement climatique, la gouvernance, les besoins élémentaires, l'autonomisation et le capital naturel. L'enquête a révélé que 63 % des investisseurs se concentraient aujourd'hui sur l'investissement en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique (en 2022), tandis que 55 % en feraient une priorité dans les deux prochaines années. Les investissements cibleraient des stratégies susceptibles de contribuer à la réalisation de l'ODD 7 (Énergie propre et d'un coût abordable) et de l’ODD 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques).

L'engagement à soutenir la gouvernance par le biais des ODD 16 et 17 (Partenariats pour la réalisation des objectifs) a été étonnamment élevé : 50 % des investisseurs déclarant le faire actuellement et 46 % s'engageant à le faire dans les deux prochaines années.

L'évolution la plus importante a été observée en ce qui concerne le capital naturel (le « creuset de biodiversité »), thème où la proportion d'investisseurs qui envisageaient de le cibler au cours des deux prochaines années a bondi à 53 %, alors que ce pourcentage n'était que de 24 % au moment de l'enquête. Il s'agit de l'ODD 12 (Consommation et production responsables), l'ODD 14 (Vie aquatique) et l'ODD 15 (Vie terrestre) pour lesquels l'expérience montre qu'il peut s'avérer plus difficile de trouver des sociétés cotées adéquates dans lesquelles investir.

Graphique 5 : Segmentation des ODD

Source : Enquête mondiale sur le climat 2022 de Robeco

Vous devriez à présent comprendre pourquoi les ODD représentent une formidable opportunité économique pour les entreprises, quels sont les objectifs les plus et les moins privilégiés pour les capitaux de développement et comment évolue l'intérêt des investisseurs pour le secteur, en particulier en ce qui concerne les objectifs liés au climat ou à la nature.

Notes de bas de page

⁹ https://www.undp.org/content/undp/en/home/blog/2019/boosting-private-investment-in-the-sdgs.html
¹⁰ https://www.vbdo.nl/en/2018/11/vbdo-acceptation-sdgs-is-slow/

Les investisseurs durables ont recours depuis longtemps à l'intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance pour choisir les entreprises qui obtiennent de meilleurs résultats sur des thématiques traditionnelles telles que le réchauffement climatique (E), les relations de travail (S) ou la participation aux questions polémiques (G). L'investissement à impact va plus loin en essayant de faire une différence mesurable sur le terrain.

Bien qu'ils puissent sembler similaires, ils poursuivent des objectifs différents et produisent des résultats différents qui peuvent même parfois s'avérer contradictoires. De nombreux investisseurs confondent l'intégration ESG avec les avantages positifs qui en découlent en termes de durabilité, dont la contribution à la réalisation des ODD. Mais ce n'est pas le cas : Les notes ESG ne mesurent généralement pas l'impact des entreprises sur le plan de la durabilité.

Elles permettent plutôt de déterminer si les performances financières d'une entreprise sont compromises en raison de facteurs de durabilité. Par conséquent, il existe de nombreux exemples d'entreprises qui bénéficient d'excellentes notes ESG mais qui ont un impact sociétal et environnemental négatif. Certaines entreprises ont ainsi une note ESG élevée mais un score ODD faible.

Par exemple, de nombreux fabricants de tabac et d'armes obtiennent une note ESG élevée, car leurs résultats sur les plans des émissions, des relations de travail et de la gouvernance sont généralement bons. Autrement dit, si leur rentabilité n'est pas réellement compromise par des facteurs ESG, leurs produits sont de toute évidence nocifs pour la société et ne remplissent pas les critères d'investissement ODD. En effet, ces entreprises figurent généralement sur les listes d'exclusion.

Figure 6 : Scores des entreprises figurant sur les listes d'exclusion, sur la base de différents indicateurs de durabilité

Source : Robeco, MSCI, Sustainalytics

En 2022, un projet de recherche de Robeco¹¹ a confirmé que des notes ESG positives ne garantissent pas toujours des scores ODD positifs. Le cadre ODD de Robeco a attribué des scores négatifs à la grande majorité des « suspects habituels » pour ce qui est de la pollution environnementale, alors que leur note ESG s'est révélée moyenne, voire assez satisfaisante.

Une comparaison a ensuite été effectuée entre des entreprises de certains fonds thématiques durables figurant parmi les plus reconnus au monde dans les pôles des énergies propres, de l'eau durable et de la santé. Une fois de plus, la recherche a révélé que la majorité des entreprises avaient obtenu des scores ODD de Robeco très positifs, alors que leur note ESG était moyenne, voire mauvaise.

Un autre test visait à déterminer l'alignement d'une entreprise sur la taxonomie de l'UE, qui définit quels sont les comportements d'entreprise contraires au principe d'absence de préjudice important (DNSH). Les entreprises qui causent un préjudice important à l'environnement, notamment par la pollution qu'elles génèrent, ont échoué au test.

Il n'est pas surprenant de constater que les entreprises qui ont obtenu un score DNSH négatif ont également obtenu un faible score ODD. De même, les entreprises qui tirent plus des deux tiers de leurs revenus d'activités alignées sur la taxonomie de l'UE obtiennent généralement des scores ODD très positifs. En revanche, les notes ESG pour ces deux types d'entreprise tendaient à ne pas beaucoup différer de l'indice de référence. Le score ODD est donc en ligne avec la réglementation spécifique aux investissements durables, mais les notes ESG ne le sont pas.

Vous devriez à présent savoir pourquoi les notes ESG évaluent le risque alors que les investissements ODD cherchent à produire un impact, et que ces deux formes d'investissement ne sont pas identiques, puisque les entreprises peuvent se voir attribuer un score ESG positif mais un score ODD négatif, ou vice-versa. La taxonomie de l'UE et son principe d'absence de préjudice important (DNSH) montrent que note ESG et score ODD ne sont souvent pas corrélés.

Note de bas de page

¹¹ ESG to SDG: Do Sustainable Investing Ratings Align with the Sustainability Preferences of Investors, Regulators, and Scientists? by Jan Anton van Zanten, Joop Huij :: SSRN

Les entreprises peuvent contribuer à la réalisation des ODD en fabriquant des produits ou en offrant des services qui aident à atteindre un ou plusieurs objectifs. Elles peuvent également faire avancer les ODD en les intégrant dans leurs politiques. Toutefois, certaines entreprises sont naturellement plus susceptibles de contribuer que d'autres.

Par exemple, une entreprise qui produit de l'énergie solaire contribue de manière univoque à l'ODD 7 (Énergie propre et d'un coût abordable). Une entreprise qui crée des supports éducatifs pour les écoles agit directement en faveur de l'ODD 4 (Éducation de qualité), tandis qu'une société qui travaille activement à la promotion des femmes dans les rôles de direction fait avancer l'ODD 5 (Égalité entre les sexes).

Certaines entreprises ont cependant une influence négative sur les ODD. Cela peut sembler évident dans certains cas (fabricants de cigarettes, par exemple). Mais d'autres peuvent contribuer de manière à la fois positive et négative. Comment considérer, par exemple, un fournisseur d'énergie qui utilise aussi bien des sources éoliennes que le charbon thermique ?

Des difficultés encore plus complexes surviennent avec les produits et les services qui font avancer les ODD mais qui créent simultanément des externalités négatives. Par exemple, la fabrication de voitures électriques ou d'éoliennes nécessite d'extraire des métaux, une activité qui nuit aux écosystèmes et qui émet des gaz à effet de serre, en plus de poser des problèmes au niveau du traitement de la main-d'œuvre locale.

En 2017, deux ans après l'adoption des ODD et l'Accord de Paris, Robeco est devenu le premier gérant d'actifs au monde à créer une méthode de mesure des contributions des entreprises à ces objectifs. Le cadre ODD a été élaboré afin de fournir la recherche qui sous-tend ce qui est devenu une gamme de produits d'investissement ODD pour le crédit et les actions.

Alors que le cadre ODD utilisait des paramètres de durabilité standard pour calculer les contributions aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, leur application aux ODD exige l'adoption d'une approche différente. Celle-ci s'articule autour de trois étapes qui visent à évaluer les contributions pour ensuite attribuer un score.

Figure 7 : L'approche en trois étapes adoptée par Robeco

Source : Robeco.

• 1ère étape : Que produit l'entreprise ? Les analystes examinent ce que produit l'entreprise afin de déterminer si cela contribue positivement ou négativement aux ODD concernés, en utilisant des indicateurs clés de performance et des limites spécifiques.
  
  

• 2ème étape : Comment opère l'entreprise ? Les analystes examinent comment sont produits ces biens et services, et si les opérations de l'entreprise font avancer les ODD, ou si des intentions qui semblent pourtant bonnes sont contrebalancées par des aspects négatifs, par exemple une mauvaise gouvernance.
  
  

• 3ème étape : L'entreprise a-t-elle mal agi ? Les analystes vérifient si l'entreprise est impliquée dans des pratiques controversées, telles que des incidents de pollution ou la vente abusive de services.
  

Des scores sont ensuite attribués pour évaluer l'impact global d'une entreprise. Ceux-ci vont de -3 (très négatif) à +3 (très positif) en passant par 0 (neutre). Une fois le score global calculé, celui-ci peut être utilisé dans des portefeuilles axés sur les ODD pour investir dans des entreprises qui contribuent à la réalisation des objectifs ainsi que dans une recherche plus large en tant que caractéristique pour toutes les autres stratégies actions et obligations.

Pour en savoir plus sur ce processus en trois étapes, regardez la vidéo suivante :

Robeco met désormais tous les scores du cadre ODD à la disposition du public dans le cadre de l'initiative Sustainable Investing Open Access. Lancée en 2022, l'initiative SI Open Access a d'abord mis les données sur lesquelles reposent ce cadre à la disposition des clients et des universitaires.

Le système d'analyse de la durabilité des pays a été ajouté à la SI Open Access en 2023. Il évalue les caractéristiques ESG de 150 pays et est essentiellement utilisé pour investir dans les obligations d'État.

Vous pouvez vérifier le score ODD de plus de 10 000 entreprises en saisissant leur nom ici :
Comment les entreprises et les pays se classent-ils en matière de durabilité ?

Un cadre similaire a été élaboré par les fonds de pension néerlandais APG et PGGM, qui gèrent à eux deux 750 milliards d'euros d'actifs pour le compte de 8,7 millions de personnes. Baptisée Sustainable Development Investments Asset Owner Platform (SDI-AOP), cette initiative permet aux clients institutionnels de savoir dans quelle mesure leurs investissements de portefeuille contribuent aux ODD¹².

Les données sont fournies par Entis, une société d'analyse de données, qui a recours à l'intelligence artificielle pour réaliser les calculs les plus poussés. L'analyse repose sur une taxonomie qui explique chaque ODD et détermine surtout dans quelles sous-cibles investir. L'univers d'investissement analysable englobe aujourd'hui environ 10 000 entreprises cotées en bourse¹³.

L'équipe évalue ensuite les contributions à ces sous-objectifs à l'aide d'indicateurs financiers ou opérationnels, tels que la proportion de revenus générée par une activité favorable aux ODD. Les indicateurs externes incluent des résultats concrets, tels que le nombre de personnes pouvant accéder à des services financiers ou de soins grâce aux activités de l'entreprise. L'exemple ci-après présente les opinions de la plateforme quant à l'opportunité d'investir dans l'ODD 14 (Vie aquatique).

Figure 8 : Types d'activités pouvant être ciblées au titre de l'ODD 14

Source : La SDI Asset Owner Platform

Vous devriez à présent comprendre la nécessité de calculer les contributions positives et négatives que les entreprises peuvent apporter à un ou plusieurs objectifs. Ce calcul peut se faire au moyen du cadre ODD de Robeco ou de la plateforme SDI Asset Owner. La mesure des contributions peut être réalisée en attribuant un score à l'entreprise ou, de manière plus globale, à l'aune de sous-objectifs tels que la pollution.

Note de bas de page

¹² Global SDI Asset Owner Platform is leading the way on sustainable investing’ | APG
¹³ https://entis.ai/

Toutes les nations ont un rôle à jouer dans la réalisation des ODD, mais la question est de savoir quelles sont les mesures qu'elles mettent en œuvre en interne pour contribuer à la réalisation des objectifs. Presque tous les pays doivent investir davantage dans les différents domaines des ODD, comme la santé, l'éducation, les énergies renouvelables et la nature. Et le déficit à combler est important.

Le déficit de financement actuel à combler pour atteindre les objectifs d'ici à 2030 s'élève à 2 600 milliards de dollars par an, soit 2,7 % de la production mondiale. Ce déficit est beaucoup plus important dans les pays émergents, dont l'accès aux marchés des capitaux est souvent plus compliqué que pour les pays développés.

La dette souveraine est l'un des mécanismes qui permettent aux pays d'obtenir un meilleur financement pour les ODD. Les obligations souveraines sont achetées par des investisseurs internationaux qui souhaitent profiter des rendements qu'elles génèrent. Les obligations se voient attribuer des notes de crédit qui reflètent la stabilité financière de l'émetteur, allant de AAA (extrêmement solide) à CCC (risque de défaut). Elles reçoivent ensuite soit la note « Investment Grade » (jusqu'à BBB- sur l'échelle de Standard & Poor’s), soit la note « inférieure à Investment Grade ».

Figure 9 : Échelle de notes de crédit

Source : Researchgate¹⁴.

Il n’est pas facile de choisir des obligations d'État qui respectent les ODD. Il existe de nombreuses « notes ESG souveraines » mais, à l'instar des notes ESG pour les entreprises, elles n'ont pas vocation à préciser les pays qui contribuent le plus à la réalisation des objectifs. En revanche, elles indiquent si la capacité d'un gouvernement à rembourser sa dette est susceptible d'être influencée par des questions ESG.

La Banque mondiale a également conclu que ces notes ESG souveraines présentent un « biais de revenu inhérent » qui les empêche de bien saisir l'engagement envers les ODD. Les pays les plus riches tendent à obtenir de meilleures notes ESG, mais ces pays ne sont pas nécessairement ceux dans lesquels vous devriez investir pour contribuer davantage au développement durable. Il importe donc d'aborder la durabilité de la dette souveraine sous un angle nouveau.

Après avoir élaboré le cadre ODD pour les entreprises, Robeco a développé son pendant pour les pays. Les pays qui remplissaient les critères ont ensuite été placés dans deux portefeuilles hypothétiques d'obligations d'État alignées sur les ODD afin de déterminer leur fonctionnement dans un fonds réel.

À l'instar du cadre pour les entreprises, le cadre pour les pays attribue un score allant de -3 (très négatif) à +3 (très positif) en passant par 0 (neutre) aux 170 nations qu'il couvre. Mais étant donné que nous avons intégré des critères ayant trait aux politiques publiques à l'échelle de pays, le processus en trois étapes utilise des critères différents.

Dans un premier temps, nous évaluons les politiques d'un pays liées aux ODD sur la base de 100 indicateurs en lien avec les objectifs ODD. Par exemple, pour l'ODD 3 (Bonne santé et bien-être), nous pouvons utiliser des indicateurs tels que les taux de mortalité maternelle et le ratio dépenses de santé-PIB. Pour l'ODD 8 (Travail décent et croissance économique), nous pouvons évaluer les droits des enfants au travail.

La deuxième étape consiste à déterminer si les pays ont besoin de capitaux supplémentaires pour atteindre les ODD. Nous tenons compte de la classification des revenus et des niveaux de corruption ; les pays à faible revenu et à corruption modérée ou faible obtiennent un score de +1, ce qui souligne le besoin croissant de capitaux.

Dans la troisième étape, nous recherchons les comportements contraires aux ODD. Des facteurs tels que la mauvaise gouvernance, l'autocratie, les sanctions, les violations des droits politiques et la forte instabilité politique ont un impact négatif sur le score, qui va de -1 à -3.

Sur les 170 pays analysés, 20 % se sont vu attribuer un score positif, 25 % un score neutre et 55 % un score négatif. Seule une poignée de pays a décroché le score maximal de +3. Les scores les plus bas ont été attribués aux pays dont les progrès vers la réalisation des ODD se détériorent rapidement ou à ceux engagés dans une guerre ou un conflit.

L'étude n'a trouvé aucune corrélation nette entre le niveau de revenu d'un pays et son score ODD : certains pays relativement pauvres, comme le Ghana ou l'Indonésie, font de bons progrès dans la réalisation des ODD et peuvent donc être perçus comme menant des politiques favorables à ces objectifs.

Dans le même temps, plusieurs pays riches, comme la République d'Irlande, mènent des politiques qui entravent la réalisation des ODD. La répartition générale est présentée dans le graphique ci-dessous, mais elle peut faire l'objet de modifications lorsque les scores sont mis à jour au fil des ans.

Graphique 10 : Répartition mondiale des scores ODD de Robeco

Source : Robeco, 2024. Les pays qui ne se sont pas vu attribuer de score, en raison de l'indisponibilité des données, sont grisés.

Les conclusions de l'étude ont servi à créer deux portefeuilles hypothétiques d'obligations d'État alignées sur les ODD, qui privilégient les pays ayant obtenu les scores les plus élevés. Les pays ayant obtenu un score ODD neutre ou considéré comme présentant un faible risque de défaut ont également été inclus, mais ceux ayant obtenu un score ODD négatif ont été exclus. L'approche a été illustrée à l'aide de deux indices de référence communs : l'indice BB Global et l'indice JPM EMBI Diversified.

Dans l'indice BB Global, la France et l'Italie ont pris la tête du classement des pays affichant des scores ODD positifs. Malgré l'importance de son marché obligataire, le Royaume-Uni a obtenu score ODD plus faible et a donc reçu une allocation moins importante. Les autres pays ayant obtenu des scores ODD positifs présentent une faible pondération dans l'indice et se sont chacun vu attribuer 2,0 % du portefeuille en raison de contraintes de liquidité. Parmi les pays ayant obtenu un score neutre, les États-Unis et le Japon présentent les allocations les plus élevées, puisqu'ils constituent une part importante de l'indice.

Graphique 11 : Portefeuille ODD de base 2023 pour l'indice BB Global

Source : Robeco.

En ce qui concerne l'indice JPM EMBI Diversified, 84 pays au total ont été étudiés. 25 affichaient des scores ODD positifs ou neutres et pouvaient donc être pris en compte. Nous avons ainsi pu créer un portefeuille plus diversifié qui a donné des résultats surprenants : des pays tels que l'Arménie, le Sénégal et la Côte d'Ivoire ont été inclus, et l'Indonésie, la Colombie, la République dominicaine et l'Uruguay ont bénéficié de pondérations encore plus importantes. Dans un sens, ces résultats reflètent l'esprit des ODD, dans la mesure où sont privilégiées les obligations d'État des nations émergentes qui ont le plus besoin de fonds.

Graphique 12 : Portefeuille ODD de base 2023 pour l'indice JPM EMBI Diversified

Source : Robeco.

Cette méthodologie met également en exergue les différences entre les scores ODD et les notes ESG. Les pays qui ont accompli des progrès considérables dans la réalisation des objectifs et qui ont obtenu une note ESG élevée obtiennent souvent des scores ODD neutres. Ce constat fait écho à la méthodologie d'évaluation par score ODD, qui vise à reconnaître les pays qui mènent des politiques solides et qui présentent des besoins financiers importants, plutôt que d'évaluer exclusivement le niveau où ils se trouvent sur la voie de la réalisation des ODD.

Elle n'est pas non plus nécessairement en accord avec les notations de la dette souveraine. Dans le portefeuille ODD Focus, la plupart des pays affichent une note « inférieure à Investment Grade », et plusieurs pays retenus, notamment le Honduras et la Jamaïque, affichent une note BB-, ce qui les rend inéligibles à la plupart des fonds d'obligations souveraines. La Bolivie a reçu la note CCC+, soit la deuxième plus mauvaise note parmi tous les pays analysés, qui traduit un risque de défaut élevé.

Vous devez à présent comprendre que les pays émettent des obligations pour financer des projets publics qui ne sont pas la cible des ODD, mais le processus en trois étapes du cadre ODD Pays peut encore leur attribuer un score à l'aune de leur potentiel à contribuer à la réalisation des objectifs. Un système de pondération est utilisé pour créer les portefeuilles ODD hypothétiques Core et Focus d'obligations d'État éligibles.

Note de bas de page

¹⁴ www.researchgate.net/figure/International-Credit-Rating-Agencies-Scores-Meanings-and-Color-Coding_tbl3_332126048

Il existe plusieurs manières d'investir dans les ODD. La première consiste à opter pour des produits d'investissement sur mesure qui ciblent directement les actions ou les crédits d'entreprises contribuant à un ou plusieurs des 17 objectifs. Ils sont légion sur le marché, mais cette solution d'investissement est encore considérée comme une niche et relativement nouvelle, la plupart des fonds n'étant apparus qu'au cours des années 2020.

Une autre manière consiste à jeter son dévolu sur des fonds d'investissement qui ciblent un ODD spécifique, comme l'ODD 3 (Bonne santé et bien-être), l'ODD 5 (Égalité entre les sexes), l'ODD 6 (Eau propre et assainissement) ou les ODD 14 (Vie aquatique) et 15 (Vie terrestre) liés à la biodiversité. Les fonds sur mesure existent depuis des années et, dans certains cas, ils précèdent même l'ODD auquel ils sont associés.

Vous pouvez également choisir une thématique telle que les énergies renouvelables et le réchauffement climatique, qui englobe plusieurs ODD, en l'occurrence l'ODD 7 (Énergie propre et d'un coût abordable), l'ODD 12 (Consommation et production responsables) et l'ODD 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques). Ceux-ci chevauchent souvent les mégatendances telles que les tendances de consommation, la Fintech, les nouveaux matériaux et l'innovation, qui sous-tendent de nombreux ODD.

Trois thématiques ont particulièrement le vent en poupe : les énergies renouvelables, l'économie circulaire et la biodiversité.

• Les énergies renouvelables constituent un type d'investissement à part entière, à cheval entre l'impact investing et l'investissement durable classique. Auparavant considérées comme des niches, les énergies solaire, éolienne et hydroélectrique sont devenues une part importante du mix énergétique et représentent 28 % de la production d'énergie mondiale en 2020. Toutefois, l'investissement dans les renouvelables est souvent effectué de manière indirecte, par le biais d'investissements plus courants .
  
  

• L'année 2020 a été marquée par le lancement de plusieurs fonds axés sur l'économie circulaire. Leur but est de remplacer le modèle actuel de production et de consommation linéaire (« extraire-fabriquer-jeter »), qui repose sur l'utilisation continue de ressources. À cette fin, ces fonds investissent dans les entreprises engagées dans des activités en « re » ou « ré » : recyclage, réutilisation, rénovation, réparation, reconception, reprise. L'économie circulaire ne constitue pas un ODD spécifique, bien que ses préceptes soient représentés dans plusieurs objectifs, tels que l'ODD 8 (Travail décent et croissance économique), l'ODD 12 (Consommation et production responsables) et l'ODD 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques).
  
  

• La biodiversité est devenue une nouvelle frontière en matière d'investissement, même si son intégration dans les investissements reste complexe, en partie en raison du manque de données et de méthodologie normalisées. Cette thématique doit être envisagée sous l'angle de la « double matérialité », qui fait référence aux effets réciproques des entreprises et de la nature. Les stratégies d'investissement dans la biodiversité se concentrent sur les entreprises qui favorisent l'utilisation durable des ressources naturelles et qui développent des technologies, produits et services qui contribuent à réduire les menaces pesant sur la biodiversité ou à restaurer les habitats naturels. La biodiversité contribue à trois des objectifs : l'ODD 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques), l'ODD 14 (Vie aquatique) et l'ODD 15 (Vie terrestre).
  
  

Une forme d'investissement liée aux ODD est devenue une classe d'actifs à part entière : les obligations vertes. Il s'agit de titres de dette servant exclusivement à la promotion de projets environnementaux, émis essentiellement par des gouvernements, des municipalités et des ONG.

Pour qu'une obligation soit qualifiée de « verte », son produit doit être investi dans des projets dont l'intérêt écologique est clair (énergies renouvelables ou gestion des déchets, par exemple). La première obligation verte a été émise en 2007 par la Banque européenne d'investissement (BEI) en vue de protéger le climat. Ce secteur gagne du terrain et actuellement, 700 milliards d'obligations vertes sont en circulation.

Au cours de la dernière décennie, l'émission d'obligations vertes a connu une augmentation exponentielle. La valeur des émissions d'obligations durables a dépassé la barre des 1 000 milliards de dollars en 2023, soutenues par des niveaux records de ventes d'obligations vertes, atteignant 575 milliards de dollars, un montant légèrement supérieur à 2022. La plus grande vente d'obligations vertes de 2023 a été l'émission de 10 milliards d'euros par le gouvernement italien¹⁶.

Graphique 13 : Émission d'obligations vertes et liées à la durabilité au sens large

Source : Bloomberg

Selon l'enquête mondiale sur le climat 2023 de Robeco, les stratégies thématiques constituent l'approche la plus populaire pour intégrer les ODD dans les investissements, 25 % des investisseurs l'ayant adoptée aujourd'hui. De plus, ils sont 22 % à intégrer les indicateurs ODD pertinents dans leur analyse des portefeuilles existants et 21 % à appliquer des indicateurs non ODD, comme que ceux du SASB (Sustainability Accounting Standards Board).

En ce qui concerne le dialogue actionnarial, quelque 17 % des investisseurs entretiennent un dialogue actif avec les entreprises dans lesquelles ils investissent afin d'améliorer leurs performances eu égard à ODD spécifiques, alors qu'ils sont 16 % à le faire dans le cadre de portefeuilles d'impact investing, toujours selon cette même enquête.

Figure 14 : Préférences pour l'investissement lié aux ODD

Source : Enquête mondiale sur le climat 2023 de Robeco

Ce type d'engagement peut être un moyen efficace d'améliorer les scores ODD et les indicateurs ESG généraux des entreprises. Tous les gérants d'actifs ne possèdent pas d'équipe en charge de l'actionnariat actif. Ainsi, lorsqu'ils recherchent une société de gestion, les investisseurs demandent souvent si elle possède une telle équipe, afin de bénéficier d'une capacité de vote et d'engagement pour leurs actifs.

Le dialogue actionnarial peut avoir encore plus de poids quand les investisseurs se regroupent. En mai 2020, Robeco s'est associé à l'initiative Climate 100+ pour faire élire un ancien dirigeant du secteur éolien au conseil d'administration du fournisseur d'électricité italien Enel. Sa mission consiste à assurer la transition d'Enel vers les énergies renouvelables, en vue de rendre le groupe neutre en carbone d'ici à 2050.

D'autres collaborations ont permis d'engager un dialogue avec les gouvernements du Brésil et de l'Indonésie pour tenter de stopper la déforestation. Outre sa contribution manifeste à l'ODD 15 (Vie terrestre), l'arrêt de la déforestation est un volet clé de l'ODD 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques). Le dialogue actionnarial contribue ainsi directement à ces deux ODD.

Vous devez à présent connaître les différents véhicules d'investissement disponibles en matière d'ODD. Certaines stratégies ciblent les actions et obligations des entreprises qui peuvent contribuer à un ou plusieurs ODD. D'autres préfèrent les thématiques sectorielles telles que les énergies renouvelables et l'économie circulaire, ou des approches plus indirectes telles que le dialogue actionnarial en vue d'enrayer la déforestation.

Notes de bas de page

¹⁵ https://www.iea.org/reports/global-energy-review-2020/renewables

¹⁶ https://www.bloomberg.com/professional/insights/trading/green-bonds-reached-new-heights-in-2023/

Les Nations Unies collectent des données auprès des États membres pour suivre leurs progrès dans la réalisation de chacun des 17 ODD. À mi-parcours, en 2023, huit ans après leur adoption et à sept ans seulement de leur échéance de 2030, le rapport sur l'état d'avancement de l'ONU n'y va pas par quatre chemins : le monde n'est pas en voie d'atteindre les objectifs fixés.

« Les progrès accomplis sur plus de 50 % des cibles des ODD sont limités et insuffisants ; sur 30 %, ils se sont enlisés ou ont fait machine arrière », déclare António Guterres, secrétaire général de l'ONU, dans son discours liminaire. « Il s’agit notamment d'objectifs clés liés aux thèmes de la pauvreté, de la faim et du climat. À moins que nous n'agissions maintenant, l'Agenda 2030 pourrait devenir l'épitaphe du monde qui aurait pu être. » ¹⁷

Graphique 15 : Progrès sur la réalisation des ODD à mi-parcours

Source : ONU.

La pandémie de Covid-19 de 2020-2022 n'a fait qu'aggraver les choses puisqu'une grande partie de l'activité économique s'est arrêtée. L'impérieuse nécessité de faire face à cette crise sanitaire mondiale a limité les fonds disponibles en faveur d'autres initiatives telles que les ODD et, dans certains cas, les « progrès » ont fait machine arrière. La guerre et ses répercussions économiques ont également aggravé la situation.

« Les impacts de la crise climatique, la guerre en Ukraine, la faiblesse de l'économie mondiale et les effets persistants de la pandémie de Covid-19 ont révélé des faiblesses et entravé les progrès vers la réalisation des objectifs », a déclaré António Guterres. « Si l'absence de progrès est universelle, ce sont les plus pauvres et les plus vulnérables du monde qui subissent les pires effets de ces défis mondiaux sans précédent. »

Il précise que les pays développés n'ont pas apporté les 100 milliards de dollars par an promis à partir de 2020, et que l'engagement à long terme visant à consacrer 0,7 % de leur PIB à l'aide étrangère, y compris les fonds destinés à la réalisation des ODD, n'a pas été respecté. Il appelle à un nouveau « moment Bretton Woods » qui reproduirait les mesures économiques mises en œuvre pour réparer l'économie mondiale au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Les conclusions du rapport sont exposées dans cette vidéo : https://youtu.be/C0D53ZNP6OI

Mais malgré tous ces revers, de nombreux progrès ont toutefois été accomplis, précise le rapport. Les meilleurs progrès ont été enregistrés dans l'ODD 12 (Consommation et production responsables), où environ 35 % sont qualifiés de « en bonne voie » ou « cible atteinte ». Il est encourageant de constater que onze objectifs sont, à des degrés divers, en voie d'atteindre leur cible à mi-parcours.

Graphique 16 : Le vert est un bon signe, mais le cap n'est pas maintenu dans la plupart des ODD

Source : ONU.

Six des objectifs ne sont pas en bonne voie ou n'ont pas atteint leur cible, notamment l'ODD 1 (Pas de pauvreté), l'ODD 6 (Eau propre et assainissement) et l'ODD 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques). Les deux objectifs liés à la biodiversité, à savoir l'ODD 14 (Vie aquatique) et l'ODD 15 (Vie terrestre), constituent deux exemples diamétralement opposés, l'un ayant progressé d'environ 30 %, alors que l'autre a régressé de 60 %. L'ODD 11 (Villes et communautés durables) est l'objectif pour lequel le manque de données est le plus criant.

S'il est un aspect qui s'est amélioré au fil du temps, c'est bien la capacité d'acquérir des données comparables permettant de mesurer le succès ainsi qu'une bonne compréhension des objectifs à atteindre. Le nombre d'indicateurs inclus dans la base mondiale de données relatives aux ODD est passé de 115 en 2016 à 225 en 2023, selon le rapport. Le nombre d'entrées dans la base de données a également augmenté, passant de 330 000 en 2016 à 2,7 millions en 2023.

De grandes avancées ont également été réalisées au niveau des méthodologies qui étayent la capacité à mesurer les indicateurs ODD. Au mois de mars 2020, les 169 cibles sous-jacentes et les 232 indicateurs approuvés disposaient d'une méthodologie bien établie et fixée d'un commun accord au niveau international, qui garantit la comparabilité, l'exactitude, la fiabilité et l'utilité des mesures de l'ONU. De plus, la proportion d'indicateurs considérés comme « clairs sur le plan conceptuel » affichant une forte couverture nationale est passée de 36 % en 2016 à 66 % en 2022.

Graphique 17 : La clarté et la perception ont été très payantes

Source : ONU.

Vous devriez à présent être en mesure d'expliquer pourquoi le monde accuse un retard dans la réalisation des objectifs à l'horizon 2030, bien que de nombreux aspects positifs méritent d'être soulignés. Les meilleurs résultats ont été obtenus dans la promotion d'une consommation et d'une production responsables. Des progrès importants ont également été réalisés en termes de mesure des données et de clarté de la conception des objectifs.

Note de bas de page

¹⁷ https://unstats.un.org/sdgs/report/2023/

Dans le dernier chapitre, nous avons souligné l'importance de pouvoir mesurer les impacts et les succès des ODD. Ce chapitre présente des exemples de réalisations rendues possibles lorsque les capitaux investis ciblent les objectifs fixés.

Le marché obligataire est un instrument utile pour lever des fonds afin de promouvoir les ODD, car il remplit les trois conditions de l'impact investing : il est intentionnel, il peut produire un impact concret et il génère un rendement financier. La demande pour ce type de produits financiers a été forte, comme en témoigne l'émission d'une obligation de la Banque mondiale en janvier 2023.

Anciennement connue sous le nom de Banque internationale pour la reconstruction et le développement, cette institution notée AAA a levé 5 milliards de dollars en émettant une obligation de développement durable sur 7 ans. Il s'agissait de la première obligation libellée en dollars sur le marché des obligations SSA (souveraines, supranationales et d'agences), et elle a enregistré le plus grand carnet de commandes passées par d'autres institutions, dont des gérants d'actifs traditionnels, pour une obligation de la Banque mondiale sur 7 ans.

Le produit de cette émission servira à soutenir les travaux de la Banque mondiale visant à mettre fin à l'extrême pauvreté et à favoriser la prospérité sur une planète vivable. Il cible ainsi directement l'ODD 1 (Pas de pauvreté) et l'ODD 2 (Faim « zéro ») et contribue à l'ODD 17 (Partenariats pour la réalisation des objectifs).

Le plus intéressant aux yeux des investisseurs, c'est le fait que cette obligation est notée AAA, qu'elle constitue un actif liquide de haute qualité et qu'elle répond aux critères d'une obligation durable qui peut produire un impact. Cette obligation sera cotée à la Bourse de Luxembourg, générera un rendement semestriel de 4 % et offrira un spread de 16,7 points de base par rapport à son homologue du Trésor américain, l'obligation de référence. Cet investissement est dès lors plus attractif qu'une obligation d'État équivalente tout en présentant le même niveau de risque quasi nul.

Certains investisseurs préfèrent investir plus directement dans des projets qui peuvent contribuer aux ODD. Vital Capital cible tout particulièrement les communautés défavorisées des marchés émergents tels que l'Afrique subsaharienne, tout en générant des performances ajustées du risque. Pour ce faire, Vital Capital investit principalement dans les communautés urbaines, l'agriculture, la santé, l'énergie, l'eau et l'éducation.

L'un de ces projets est le Vital Tomosis Dairy (VTD). Le district de Kiruhura, dans l'ouest de l'Ouganda, est la principale région laitière du pays, où l'élevage de bétail est une tradition séculaire. Vital Capital a fait équipe avec un expert ougandais en produits laitiers pour construire le premier centre de transformation laitière de la région, la laiterie de Vital-Tomosis¹⁸.

S'approvisionnant exclusivement auprès de petits exploitants locaux, le centre commercialise ses produits sous la marque MilkMan et dessert les marchés locaux et régionaux en lait (UHT et frais) et en yaourt de haute qualité et à un prix abordable. L'équipe de VTD en charge de la transformation, de la vente et de la distribution des produits laitiers a créé plus de 100 emplois, dont plus de 50 % sont occupés par des femmes. Cet investissement contribue ainsi directement à l'ODD 8 (Travail décent et croissance économique) et à l'ODD 12 (Consommation et production responsables).

Un autre investissement a consisté à transformer le centre médical de Luanda, en Angola, en une clinique de calibre mondial dotée d'équipements de pointe : IRM, tomodensitogramme, systèmes de radiographie numérique, etc. Il a notamment contribué à l'ODD 3 (Bonne santé et bien-être). Vital Capital a également mis en place la plateforme de logements abordables Kora Housing dans le pays, qui a permis de construire 15 000 nouveaux logements et de contribuer à l'ODD 11 (Villes et communautés durables).

Les problèmes de santé oculaire touchent dans les marchés émergents des millions de personnes qui n'ont pas accès à des traitements pour des pathologies allant de la cataracte à des maladies plus graves de la rétine. Les entreprises qui fabriquent des produits pour y remédier apporteront une contribution significative à l'ODD 3 (Bonne santé et bien-être) et de sa sous-cible 3.8, qui promeut l'accès universel à des services de santé de qualité.

Alcon, entreprise pharmaceutique et médicale américano-suisse spécialisée dans les produits de soins oculaires, y œuvre par le biais de plusieurs de ses filiales. Aerie Pharmaceuticals se concentre sur les traitements du glaucome et d'autres maladies de l'œil, alors que WaveLight développe et fabrique des technologies laser de chirurgie oculaire qui permettent de traiter la cataracte et la myopie.

En 2022, les produits de soins chirurgicaux et de la vision d'Alcon ont amélioré la vie de plus de 260 millions de personnes, l'équivalent de la population de l'Indonésie, qui souffraient de maladies de l'œil contre lesquelles les systèmes de santé locaux n'étaient pas en mesure de fournir un traitement. Ses travaux ont été menés dans plus de 140 pays.

Un autre acteur qui contribue à la sous-cible 3.8 est UnitedHealth Group, une société américaine spécialisée dans les services de santé et les assurances maladie qui, en 2022, a fourni une couverture d'assurance maladie à 70 millions de personnes. Sa filiale Optum a réalisé des évaluations cliniques à domicile auprès de plus de 670 000 personnes dans des pays à revenu faible.

L'initiative SI Open Access de Robeco permet de vérifier le score de plus de 10 000 entreprises sur son site web principal. Alcon et UnitedHealth obtiennent tous deux un score de +2 dans le cadre ODD¹⁹.

L'élimination de la faim et de la malnutrition exige des solutions innovantes qui permettent de développer davantage de produits d'origine végétale susceptibles de fournir des repas nourrissants à une population plus large, en particulier dans les régions où l'offre alimentaire est peu abondante. Ces solutions contribuent ainsi à la réalisation de l'ODD 2 (Faim « zéro ») et de sa sous-cible 2.4, qui vise à assurer une production alimentaire durable et des pratiques agricoles résilientes.

La multinationale française de produits alimentaires Danone apporte une forte contribution à ce niveau en élaborant des produits de nutrition spécialisée, laitiers et d'origine végétale, ainsi qu'en commercialisant de l'eau en bouteille sur 120 marchés. Sa vision « One Planet. One Health » reflète la conviction que la santé des personnes et la santé de la planète sont interconnectées.

La gamme de produits et de boissons d'origine végétale de Danone comprend des boissons naturelles ou aromatisées à base de soja, d'amandes, de noix de coco, de riz et d'avoine, ainsi que des succédanés de yaourt et de crème. En 2021, Danone a produit plus de 1,1 milliard de produits alimentaires d'origine végétale, fournissant à des millions de personnes des repas nourrissants à un coût relativement bas.

Après avoir déjà réduit ses émissions de méthane d'environ 14 % entre 2018 et 2020, Danone s'est engagée à réduire de 30 % les émissions de méthane issues de son approvisionnement en lait frais d'ici 2030. Il s'agit du premier engagement à spécifiquement cibler le méthane pris par une grande entreprise alimentaire, et du premier applicable au bétail. Les bovins sont de grands émetteurs de méthane, un gaz à effet de serre beaucoup plus nocif que le CO₂. Danone contribue ainsi à la réalisation de l'ODD 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques) et de l'ODD 15 (Vie terrestre²⁰) .

Danone obtient un score de +1 dans le cadre ODD de Robeco.

• Un spécialiste indien des énergies renouvelables produit 7,5 gigawatts d'énergie éolienne, solaire et hydroélectrique dans 15 États de l'Inde. Cette production équivaut à celle d'environ dix centrales au charbon de taille moyenne. Étant donné que la production d'électricité à partir de charbon représente actuellement environ 75 % de l'énergie produite en Inde, cette entreprise approvisionne sept millions de résidents indiens en énergie propre. Elle contribue ainsi à la réalisation de l'ODD 7 (Énergie propre et d'un coût abordable) et de l'ODD 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques).
  
  

• Une banque colombienne propose aux particuliers et aux petites et moyennes entreprises (PME) de Colombie, du Panama, du Salvador et de Porto Rico des services financiers auxquels ils n'avaient auparavant pas accès. Elle a accompagné quelque 27 % de ses six millions de clients à faire leurs premiers pas dans le secteur financier. Cette banque a presque triplé le nombre de microcrédits (prêts à court terme) accordés en 2021, permettant aux personnes à faible revenu issues de communautés reculées d'accéder pour la première fois à des services financiers. Elle contribue ainsi à l'ODD 1 (Pas de pauvreté) en octroyant des prêts pour lancer des petites entreprises et à l'ODD 8 (Travail décent et croissance économique)²¹.
  

Vous devriez à présent être en mesure de donner des exemples de types d'investissements qui contribuent aux ODD, comme les fonds levés par les obligations AAA en faveur du développement durable. Les cas d'entreprises montrent comment les produits et les services peuvent contribuer à la réalisation d'un ou plusieurs objectifs, en particulier dans les domaines jusqu'ici négligés de l'approvisionnement alimentaire et de la finance.

Notes de bas de page

¹⁸ Vital Tomosis Dairy – Vital Capital (vital-capital.com)
¹⁹ Comment les entreprises et les pays se classent-ils en matière de durabilité ? | Robeco Global
²⁰ methane-matters.pdf (danone.com)
²¹ Source des extraits : Robeco SDG Credits

1. Les 17 Objectifs de développement durable visent à améliorer la société humaine, la durabilité écologique et la qualité de vie. Ils ont été adoptés par les Nations Unies en 2015. Ils ont succédé aux huit Objectifs du millénaire pour le développement et doivent être atteints d'ici à 2030. Les ODD couvrent un large éventail de thèmes allant de l'élimination de la faim à la création de villes plus durables, en passant par la consommation responsable et la lutte contre le réchauffement climatique. Ils sont soutenus par un grand nombre d'entreprises et d'investisseurs, bien que la pandémie de Covid-19 ait creusé le déficit de financement et que les progrès vers leur réalisation soient en perte de vitesse.
   
   

2. Les ODD offrent d'importantes opportunités économiques et font sens pour les investisseurs, dans la mesure où les entreprises fournissent des biens et des services pouvant contribuer à ces ODD. À ce jour, l'intérêt des investisseurs diffère selon les ODD, certains préférant par exemple les objectifs centrés sur la construction d'infrastructures, où les rendements sont plus faciles à générer. L'enquête mondiale sur le climat de Robeco montre que l'ODD 7 (Énergie propre et d'un coût abordable) et l'ODD 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques) étaient particulièrement appréciés.
   
   

3. L'investissement dans les ODD est une forme d'investissement durable qui complète l'investissement fondé sur les critères ESG, mais ces deux formes ne sont pas identiques. Les notes ESG ne mesurent généralement pas l'impact des entreprises sur le plan de la durabilité. Elles permettent plutôt de déterminer si les performances financières d'une entreprise sont compromises en raison de facteurs de durabilité. L'investissement ODD cherche à faire une différence mesurable pour un ou plusieurs objectifs. Une entreprise pourrait ainsi obtenir une note ESG élevée mais un score ODD faible, ou vice versa.
   
   

4. Il existe différentes façons d'évaluer dans quelle mesure les entreprises contribuent positivement ou négativement aux ODD. Le cadre ODD de Robeco utilise un système de notation qui analyse les impacts des produits des entreprises, leurs opérations et toutes les polémiques dans lesquelles elles sont susceptibles d'être impliquées. Les notes sont attribuées sur une échelle de -3 (très négatif) à +3 (très positif) en passant par 0 (neutre). La plateforme SDI Asset Owner réalise une analyse fondée sur une taxonomie qui explique chaque ODD et détermine surtout dans quelles sous-cibles investir.
   
   

5. Au même titre que les entreprises se voient attribuer un score, il est également possible d'évaluer les contributions des pays aux ODD, bien que cet exercice exige de procéder à une évaluation différente. Le cadre ODD Pays de Robeco utilise un processus en trois étapes qui attribue un score sur la base du potentiel d'une nation à contribuer à la réalisation des objectifs, puis à les intégrer dans les portefeuilles d'obligations d'État. Un système de pondération est utilisé pour créer les portefeuilles ODD hypothétiques Core et Focus d'obligations d'État éligibles.
   
   

6. Investir dans les entreprises et les secteurs pouvant contribuer positivement aux ODD peut se faire de nombreuses façons, notamment via des stratégies d'actions ou de crédits personnalisées qui ciblent directement les ODD ou via des stratégies plus thématiques qui se concentrent sur un thème connexe tel que les énergies renouvelables. Les obligations vertes visant à financer les ODD environnementaux sont devenues une classe d'actifs à part entière. Le dialogue actionnarial est également un moyen utile d'amplifier l'impact des entreprises.
   
   

7. Globalement, le succès sur la voie de la réalisation des ODD à mi-parcours en 2023 a été mitigé. Au moins la moitié des objectifs ont fait état de progrès médiocres, les progrès de la plupart d'entre eux s'étant enlisés pendant la crise du Covid-19. Les meilleurs résultats ont été obtenus dans le cadre de l'ODD 12 (Consommation et production responsables). En outre, des progrès considérables ont été réalisés en termes de mesure des données et en matière d'acquisition d'une compréhension exhaustive des objectifs à atteindre.
   
   

8. Des études de cas illustrent l'impact de l'investissement dans les ODD, depuis le financement d'exploitations laitières en Ouganda aux centres médicaux en Angola, en passant par l'amélioration des soins oculaires dans les marchés émergents. Le marché obligataire est un instrument utile pour lever des fonds, car il peut produire un impact concret tout en générant des rendements attractifs. Le financement peut aider directement les segments jusqu'ici négligés de l'alimentaire et de la finance.