


Une « ère épique » s’ouvre pour la sélection de titres sous Trump 2.0
Les droits de douane sont venus perturber le marché alors que le président Donald Trump entame son second mandat, mais ils peuvent présenter les conditions idéales pour sélectionner les meilleurs titres, selon David Cohen, investisseur « Value ».
Résumé
- Donald Trump introduit des droits de douane pour résorber le déficit commercial et prendre le dessus sur certains dossiers
- Le protectionnisme peut être favorable aux valeurs cycliques et à l’investissement de style « Value »
- Les grandes capitalisations ont beaucoup à gagner de l’IA, de la déréglementation et de la consolidation
L’imposition de droits de douane allant jusqu’à 25 % sur les produits importés du Canada, du Mexique et de la Chine a éveillé les craintes d’une guerre commerciale qui ont fait trébucher les marchés actions. Le S&P 500 a cédé plus de 1 % à l’annonce des droits de douane le 3 février, tandis que les titres européens ont chuté de près de 2 % et les asiatiques, de près de 3 %. La menace de droits de douane a rapidement amené le Canada et le Mexique à la table des négociations, qui ont ensuite été suspendues, entraînant un rebond rapide du marché.
Si les premiers jours de l’Administration Trump 2.0 se sont déroulés comme beaucoup s’y attendaient, c’est-à-dire par des pressions exercées sur les adversaires comme les alliés des États-Unis pour produire des résultats stratégiques dans l’intérêt du pays, ils recèlent également une foule d’opportunités d’investissement, déclare David Cohen, gérant de portefeuille pour la stratégie Robeco BP US Large Cap Equities.
« Les politiques de la nouvelle administration suscitent une certaine consternation sur le marché, mais il faut les inscrire dans le contexte d’une situation macroéconomique plus large », explique-t-il. « Elles auront une grande incidence sur les marchés clés aux États-Unis et sur l’économie mondiale. Elles offriront des opportunités inattendues. »
La principale raison macroéconomique invoquée pour justifier ces droits de douane est le déséquilibre commercial colossal des États-Unis avec le reste du monde, qui atteignant les 78,2 milliards d’USD en novembre 2024. Les aliments et les boissons, les semi-conducteurs et le pétrole représentent une grosse partie des 351,6 milliards d’USD d’importations. Le déficit avec la Chine s’établissait à 25,4 milliards d’USD alors qu’il était de 15,4 milliards d’USD avec le Mexique.1
« Ce déséquilibre commercial abyssal et les déficits budgétaires menacent de plus en plus la situation budgétaire des États-Unis », explique David Cohen. « En décembre 2001, lorsque la Chine a rejoint l’Organisation mondiale du commerce, la dette nationale des États-Unis était de 6 000 milliards d’USD. Elle s’élève aujourd’hui à 36 000 milliards d’USD, ce qui correspond à une multiplication par six en 24 ans.
Nous sommes arrivés à la situation où les États-Unis affichent des déficits commerciaux et budgétaires abyssaux imputables uniquement à l’ordre commercial mondial. Ainsi, Donald Trump et sa nouvelle administration cherchent à rééquilibrer la situation commerciale mondiale, et les droits de douane sont un moyen d’y parvenir. »
US Balance of Trade - USD Billion

Source : tradingeconomics.com | Bureau of Economic Analysis (BEA)
Rendre à l’Amérique son appareil de production
Il y a aussi la question de la déréglementation promise par Donald Trump dans le contexte d’une augmentation de la production de biens sur le sol américain. « Tous les pans de l’économie américaine, à l’exception de la santé, sont susceptibles d’être déréglementés », précise David Cohen.
« La grande politique consiste à tirer des revenus des droits de douane, à déréglementer l’économie et à réduire les impôts sur les particuliers et les entreprises afin de commencer à stimuler et rapatrier la fabrication et la production aux États-Unis.
À la sortie du Covid-19 en 2021, on parlait beaucoup de relocalisation ou de délocalisation chez les pays voisins ou amis (« nearshoring » ou « friendshoring »), mais cette tendance n’a jamais pris de proportions importantes. Le contraire pourrait aussi se réaliser. Nous allons assister à la conclusion d’accords d’investissement dans le secteur américain de l’énergie et des centres de données, ainsi qu’au déploiement d’efforts significatifs de relocalisation des maillons clés de la chaîne d’approvisionnement industrielle qui alimentent l’industrie de la défense. »
C’est une aubaine pour la sélection de titres
David Cohen considère cette situation comme de bon augure pour générer de l’alpha par le biais de la sélection de titres. Depuis le lancement de la stratégie UCITS en Europe en 2010, la stratégie BP US Large Cap Equities de Robeco a un historique de surperformance par rapport à l’indice Russell 1000 Value, la majeure partie de cette performance provenant d’une solide sélection de titres.

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La valeur de vos investissements peut fluctuer. Source : Robeco, Russell 1000 Value Index. Le portefeuille porte sur la stratégie US Large Cap Equities, pour la Part D en USD. Tous les montants sont en dollars américains. Données au 31 décembre 2024. Performances brutes de frais, sur la base de la valeur brute d’inventaire. Si la devise dans laquelle la performance passée est indiquée n'est pas celle du pays dans lequel vous résidez, vous devez être conscient qu'en raison des fluctuations de taux de change, la performance indiquée peut être inférieure ou supérieure une fois convertie dans votre devise locale. Depuis le lancement, la performance est calculée à partir du premier mois complet. Les périodes inférieures à un an ne sont pas annualisées. Les valeurs et les performances indiquées sont présentées brutes de frais ; les données de performance ne prennent pas en compte les commissions ni les frais encourus relatifs à l’émission ou au rachat de parts. Ces frais ont un effet négatif sur les performances indiquées.
« La relocalisation ou la délocalisation dans des pays voisins est très favorable aux valeurs cycliques et aux investisseurs « Value » que nous sommes », explique David Cohen. « Le système financier finance cette tendance, ce qui signifie que les valeurs financières américaines tirent leur épingle du jeu, et le segment « Value » dans lequel nous investissons est composé de plus de 20 % de valeurs financières. Viennent ensuite les secteurs de l’industrie, des matériaux, de l’énergie et des semi-conducteurs, qui n’appartiennent pas au groupe des Sept Magnifiques », déclare David Cohen.
« Je pense que l’environnement des prochaines années offrira probablement de fabuleuses opportunités en matière de sélection de titres. Si vous parvenez à y voir clair dans la direction que va prendre la politique industrielle, ce qu’elle vise, les domaines susceptibles de profiter de la déréglementation et les marchés finaux pouvant être concernés, vous pourrez allouer des capitaux à ces domaines et délaisser les autres confrontés à des difficultés.
Notre portefeuille a toujours généré la majeure partie de l’alpha à partir de la sélection de titres. Nous nous sommes toujours alignés sur l’approche des « trois cercles », qui consiste à identifier des entreprises aux fondamentaux sains qui se négocient à des valorisations attractives et à des moments opportuns lorsque les bénéfices s’améliorent et que le momentum de l’entreprise s’améliore.

Le momentum est notre spécialité et consiste à identifier non seulement les domaines dans lesquels la dynamique commerciale s’améliore, mais aussi ceux dans lesquels elle s’essouffle. Pour ce faire, il faut savoir anticiper et comprendre le paysage des flux de capitaux et, dans une certaine mesure, l’environnement macroéconomique, ce qui suppose de se tenir au courant des mesures prises par Donald Trump. »
BP US Large Cap Equities D EUR
- performance ytd
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- morningstar
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et ne sont pas constantes dans le temps.
Regain d’activité de fusions-acquisitions
En outre, l’activité de fusions-acquisitions, largement modérée sous l’administration Biden, pourrait reprendre sous l’administration Trump. « Je pense également que nous allons assister à une accélération de la consolidation dans l’économie », déclare David Cohen. « Les quatre dernières années ont été marquées par une politique très anti-fusions et acquisitions, mais cette situation est sur le point de changer de manière significative.
Pour la plupart, ces consolidations seront réalisées dans l’optique d’introduire des outils d’IA générative qui automatisent le travail pour réduire les coûts. Des liquidités sont donc nécessaires et les grandes capitalisations bénéficieront ce cette tendance de manière disproportionnée par rapport aux petites capitalisations.
Je pense aussi que cette consolidation aura lieu dans des secteurs auxquels on ne s’attendrait pas naturellement, tels que la publicité, les médias et certainement la finance, qui connaîtra probablement une vague de fusions de banques régionales pour essayer de créer des économies d’échelle afin d’introduire des systèmes qui permettront d’automatiser le back-office et de fournir des services recherchés par les clients. C’est pour cette raison que je souhaite surpondérer les grandes capitalisations. »
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Le prendre au sérieux mais pas au pied de la lettre
Globalement, l’Administration Trump 2.0 pourrait ne pas être le désastre de marché que beaucoup craignent, malgré la rhétorique et les fanfaronnades habituelles, juge David Cohen. « Comme quelqu’un l’a exprimé si sagement : il faut prendre Donald Trump au sérieux, mais pas au pied de la lettre », dit-il. « Vu sous cet angle, un grand nombre de ses actions prennent tout leur sens.
Les droits de douane sont également un levier de négociation. Il n’est pas seulement question du déséquilibre commercial, il s’agit aussi de l’immigration clandestine, du fentanyl et des stupéfiants illicites qui entrent aux États-Unis depuis le Mexique, mais aussi le Canada. Donald Trump a demandé à ces pays d’enrayer leur flux ; ils ne l’ont pas fait et il utilise donc ces lourds droits de douanes pour arriver à ses fins.
Les responsables politiques adorent les histoires et faire les gros titres. Bien que ces droits de douane soient perturbateurs, ils sont ciblés, et il ne faut pas chercher d’explications unipolaires. Il faut envisager certains dossiers qui opposent les États-Unis à leurs pays limitrophes ou rivaux dans un cadre plus large. »
Note de bas de page
1 https://tradingeconomics.com/united-states/balance-of-trade