Vision

L’adoption rapide des fintech peut soutenir la croissance des marchés émergents

Les effets de second ordre de l’amélioration de l’inclusion financière comprennent une augmentation de l’activité économique et une plus grande résilience face aux chocs, ce qui étaye notre vision macroéconomique positive à long terme des marchés émergents.

Auteurs

    Client Portfolio Manager

Résumé

  1. Les solutions fintech favorisent l’inclusion financière dans le monde entier
  2. Elles stimulent l’activité économique, l’épargne et l’accès au crédit
  3. À long terme, cela conforte notre vision macroéconomique optimiste des marchés émergents

La thèse de Robeco sur les marchés émergents (ME) repose sur une base macroéconomique solide. Nous avons toujours affirmé que trois vents favorables, à savoir l’adoption rapide des technologies, l’augmentation de la part du commerce international (en particulier entre les pays émergents) et un paysage économique mondial multipolaire, se conjugueront pour faire des valeurs émergentes une classe d’actifs privilégiée dans les années à venir. Un dollar américain structurellement plus faible, une dette publique moins lourde et, dans certains cas, une démographie avantageuse seront également des facteurs de soutien. Dans cet article, nous allons examiner plus en détail l’adoption rapide des technologies et en particulier la manière dont les effets de second ordre de l’inclusion financière peuvent soutenir un niveau tendanciel plus élevé de croissance économique.

Le fossé se comble

L’inclusion financière, c’est-à-dire la capacité des particuliers et des entreprises à accéder à une gamme de services financiers et à les utiliser, est un catalyseur important de la croissance économique et de la réduction de la pauvreté. Dans les marchés émergents, où une large partie de la population demeure en dehors du système financier formel, la technologie joue un rôle de plus en plus déterminant pour combler ce fossé.

Le tableau 1 ci-dessous présente le nombre d’adultes de plus de 15 ans possédant un compte bancaire, utilisé ici comme indicateur de l’inclusion financière dans une sélection de marchés émergents ciblés par les stratégies EM de Robeco. Cela va de la Corée du Sud et de la Grèce, qui ont des niveaux comparables à ceux des marchés développés, au Mexique et à l’Indonésie, où l’inclusion financière reste un défi important.

L’inclusion financière s’est améliorée sur tous les marchés au cours de la période, et nous pensons que l’adoption des smartphones, qui a permis aux personnes et aux communautés mal desservies d’accéder à des services financiers tels que des applications de paiement et des services de type bancaire, a été un moteur important de cette évolution. Par exemple, au Brésil, le taux d’adoption des smartphones est passé de 15 % à plus de 60 % entre 2011 et 2021, tandis qu’en Inde, il est passé d’environ 4 % en 2011 à plus de 50 % en 2021 ,1 ce qui coïncide avec la hausse du nombre de personnes en âge de travailler ayant accès à des services bancaires.

Tableau 1 : Pourcentage de la population (15 ans et plus) possédant un compte bancaire

Source : Banque mondiale – Inclusion financière mondiale – juillet 2025. *Les données pour le Mexique de 2021 sont des estimations, en l’absence de chiffres disponibles auprès de la Banque mondiale.

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En savoir plus

La variation de l’inclusion financière dépend de bien d’autres facteurs que l’adoption des smartphones ou le niveau général de développement économique. Au Mexique, par exemple, le manque de confiance dans les institutions gouvernementales, l’inégalité de genre et une culture qui favorise l’argent liquide et les réseaux informels ont jusqu’à présent limité l’inclusion financière. L’émergence de plusieurs acteurs fintech, tels que Nubank et son concurrent local Spin by Oxxo, devrait selon nous favoriser des avancées rapides.

Les gouvernements et les organismes de réglementation jouent également un rôle clé dans la promotion de l’inclusion financière. Ils peuvent notamment introduire des politiques visant à promouvoir l’éducation financière, la protection des consommateurs et les pratiques de prêt responsables. Par exemple, l’Inde utilise le système Aadhaar. Ce système d’identification biométrique a permis à des millions de personnes jusque-là exclues du système bancaire d’ouvrir un compte. En fournissant une identité unique, Aadhaar a permis de faciliter l’accès aux services financiers et aux prestations gouvernementales.

Les avantages pratiques

Dans les économies émergentes, l’inclusion financière portée par les fintechs élargit généralement l’accès à plusieurs grandes catégories de services, notamment:


Paiements mobiles : Les plateformes mobiles de transfert d’argent, telles que M-Pesa en Afrique du Sud, Dana en Indonésie et PicPay au Brésil, ont révolutionné la manière dont les gens envoient et reçoivent de l’argent, paient leurs factures et accèdent aux services essentiels. Ces plateformes permettent aux utilisateurs d’effectuer des transactions financières à l’aide de leur téléphone portable, même s’ils ne disposent pas d’un compte bancaire traditionnel.

Prêts en ligne : Les entreprises de la fintech exploitent des sources de données alternatives et des algorithmes optimisés par l’IA pour évaluer la solvabilité et accorder des prêts aux particuliers et aux petites entreprises dont les antécédents en matière de crédit sont limités. Cela ouvre de nouvelles voies d’accès au crédit et favorise l’esprit d’entreprise.

L’épargne et l’investissement numériques : Les plateformes Fintech proposent des produits d’épargne et d’investissement innovants, accessibles et abordables, qui encouragent les particuliers à épargner pour l’avenir et à renforcer leur sécurité financière.

Dans les marchés émergents, l’adoption des solutions fintech progresse souvent plus rapidement que dans les économies développées, car elle permet aux populations auparavant exclues de contourner les canaux traditionnels de la finance.2 Au Brésil, cela a notamment conduit à l’émergence de Nubank, une néobanque 100 % en ligne lancée en 2013, qui est devenue en 2024 la première banque de détail du pays en nombre de clients, avec plus de 92 millions d’utilisateurs.3 Même les néobanques lancées dans les économies développées, comme Revolut, ont connu une plus grande pénétration du marché dans les économies émergentes, leur part de marché de détail étant plus élevée en Europe de l’Est (22 %) qu’en Europe de l’Ouest (7 %).4

Quel est l’impact de l’inclusion financière sur la croissance économique ?

Les impacts sur l’économie au sens large peuvent être regroupés en deux grandes catégories :

Croissance grâce à l’augmentation de l’activité économique : Une plus grande inclusion financière favorise l’activité économique en réduisant les coûts de transaction et en permettant aux particuliers et aux entreprises d’épargner, d’investir et de participer plus pleinement à l’économie. Une étude récente des données mondiales englobant tous les États membres des Nations unies a révélé que l’inclusion financière stimule considérablement la croissance économique.5 En utilisant un indice composite d’inclusion financière et des modèles de données de panel, l’étude a démontré qu’une hausse de 1 % de l’inclusion financière se traduit par une augmentation de 0,316 % de la croissance économique mondiale.

Amélioration de la stabilité et de la résilience économiques : Lorsque davantage de personnes peuvent épargner et accéder à des services d’assurance, les ménages comme les entreprises gagnent en résilience face aux chocs macroéconomiques, ce qui renforce la stabilité des communautés et des économies en période de ralentissement. À mesure que davantage de ménages et d’entreprises ont recours aux services financiers et de gestion de patrimoine, leur capacité à régulariser leur consommation s’améliore, ce qui peut contribuer à une mise en œuvre plus efficace de la politique monétaire. Cette tendance devrait se traduire à terme par une dynamique positive des notations de crédit pour les dettes souveraines et les dettes d’entreprise dans les marchés émergents. Depuis la fin de la pandémie de Covid-19, l’écart de rendement entre la dette des pays émergents et les obligations souveraines des marchés développés les mieux notés s’est resserré, même si l’impact de l’amélioration de l’inclusion financière reste difficile à quantifier à ce stade.

Risques et obstacles

Si l’inclusion financière accrue apporte des avantages substantiels à long terme pour la croissance, la résilience et l’intégration sociale, elle présente également de nouveaux défis pour la stabilité financière, la surveillance réglementaire et la protection des consommateurs, qu’il convient de gérer.

La culture financière est un problème dans de grandes cohortes de population, tant dans les pays développés qu’émergents, et les lacunes en matière de culture numérique ont également ouvert la porte à de nouvelles formes de fraude et d’escroquerie. Si les services financiers numériques progressent plus vite que la culture numérique et la confiance, certains groupes risquent de rester exclus ou d’être exposés à des comportements répréhensibles.

Dans un cas récent très médiatisé en Inde, de nouvelles cohortes d’investisseurs particuliers en ligne ont utilisé des produits dérivés complexes pour augmenter leur exposition à des entreprises individuelles et à un indice plus large, ce qui a conduit de nombreux participants à essuyer des pertes substantielles, tandis que des teneurs de marché internationaux ont tiré parti d’opérations d’arbitrage, ce qui a attiré l’attention des régulateurs.6 Dans ce contexte, le comportement des investisseurs particuliers ressemble davantage à du jeu qu’à de l’investissement, ce qui appelle soit à un renforcement de la réglementation, soit à une amélioration de l’éducation financière, afin que les avantages d’une plus grande participation aux marchés d’actions soient pleinement appréciés.

Conclusion

L’inclusion financière est une tendance à long terme dans les marchés émergents, mais dans de nombreux pays, elle demeure un défi important. Nous pensons que l’amélioration des fondamentaux macroéconomiques que présentent de nombreuses économies émergentes reflète en partie les aspects positifs de l’inclusion financière, et les données académiques vont dans ce sens. Nous suivons l'adoption de la fintech dans les marchés émergents, à la fois pour tirer profit d’investissements dans les entreprises qui fournissent des services financiers et dans le cadre de notre évaluation macroéconomique « top-down » de chaque pays. Les investisseurs souhaitant accroître leur exposition aux actions des marchés émergents doivent prendre en compte cette tendance positive à l’heure d’envisager leur allocation et de choisir la destination de leurs placements.

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Footnotes

Notes de bas de page

1Indicateurs du développement dans le monde – Base de données sur la pénétration de la téléphonie mobile – Banque mondiale – Juillet 2025
2L’effet d’accélération technologique donne naissance à des gagnants de la fintech dans les marchés émergents – Robeco – Mai 2024
3L’ère des néobanques est arrivée – Robeco – septembre 2024
4En 2024, Revolut poursuit son objectif ambitieux : atteindre 100 millions de clients dans 100 pays – paymentexpert.com – Avril 2025
5Nouvelles perspectives concernant l’impact de l’inclusion financière sur la croissance économique : Une perspective mondiale – Mohammad Naim Azimi – Novembre 2022
6« Un plan sinistre » : L’interdiction de l’Inde menace la machine à sous de Jane Street – Financial Times – 9 juillet 2025

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